Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya est décédé ce dimanche 11 juillet, à Versailles près de Paris, à l’âge de 81 ans, six jours après son évacuation. « J’ai la profonde douleur d’annoncer à la communauté chrétienne catholique et à toutes les personnes de bonne volonté le décès du Cardinal Laurent Monsengwo », a tweeté le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.
J'ai la profonde douleur d'annoncer à la communauté chrétienne catholique et à toutes les personnes de bonne volonté le décès du Cardinal Laurent Monsengwo, ce dimanche 11 juin à Versailles en France. Intensifions les prières pour son repos éternel auprès de Dieu qu'il a servi. Cardinal Fridolin Ambongo Besungu (@TataCardinal) Vers 16h15 (15h15 TU) les cloches de la cathédrale Notre-Dame du Congo ont retenti. Un sacristain est venu installer l'effigie du prélat défunt à l'autel alors que des femmes, en pleurs, ont commencé à affluer dans l'église. Mgr Monsengo a été l'une des voix critiques à l'égard des différents régimes qui se sont succédé en RDC (ex-Zaïre), celui du dictateur Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), Joseph Kabila (2001-2019), puis Félix Tshisekedi. Laurent Monsengwo ne mâchait pas ses mots. Déjà à l'époque du maréchal Mobutu, ses messages égratignaient le chef de l'État congolais sans jamais le citer, c'est ce qu'expliquait le dernier chef de cabinet de Mobutu. Ainsi, quand il a été question d’organiser une Conférence nationale en 1990, le maréchal Mobutu avait tout fait pour éviter la désignation de Laurent Monsengwo à sa tête. Il avait échoué et la personnalité du cardinal a fini par s’imposer, rappelle notre envoyée spéciale à Kinshasa C’est lui qui avait introduit le mot « démocratisation » dans le discours de l’Église catholique au Congo dans les années 1980. Une Église qui est, depuis, restée très impliquée à chaque moment de l’histoire du pays et qui se veut aux côtés du peuple. Alors que la Conférence nationale est suspendue par le pouvoir, les chrétiens descendent dans la rue pour exiger sa réouverture. En 2017, ils marchent encore. Certains meurent sur le parvis des églises sous les balles des forces de sécurité et Laurent Monsengwo est toujours là pour hausser le ton. « Que les médiocres dégagent ! », avait-il osé déclarer en conférence de presse. Le deuxième cardinal du Congo n’aimait pas les politiciens, c’est ce que disent tous ceux qui l’ont côtoyé, ce qui ne l’empêchait pas d’être le plus politique des prélats de la RDC. C’était un érudit qui avait une facilité à apprendre les langues. L’un des hommes d’Église les plus connus au Vatican Monseigneur Monsengwo, c’est l’un des huit prélats choisis par le pape François pour l'épauler dans sa réforme de la Curie romaine et la révision de la Constitution apostolique Pastor Bonus. C’était une grande reconnaissance. Laurent Monsengwo a d’ailleurs fait une partie de ses études au Vatican. Il est l’un des tous premiers africains à avoir choisi l’exégèse, l’analyse du texte biblique, comme sujet d’étude… Pour ça, il faut connaitre de nombreuses langues : l’hébreu, le grec et l’araméen. Il était un érudit, il jouait de l’orgue, il composait. Laurent Monsengwo a aussi beaucoup fait pour la reconnaissance du rite zaïrois par le Vatican, qui insiste sur la participation active de l’assemblée au cours de la messe, permet une « procession en cadence », pas une danse, précisait à l’époque le pape Benoît XVI. Laurent Monsengwo était toutefois devenu cardinal tardivement en 2010. Ordonné prêtre en 1963, fait cardinal par Benoît XVI en 2010, cette grande figure de l'Église catholique africaine avait cédé son fauteuil à la tête de l'archidiocèse de Kinshasa à Mgr Ambongo en novembre 2018.
RFI / Sonia Rolley.
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